24.
« Je ne savais pas si vous alliez vraiment revenir », cria Dorn pour couvrir le vacarme
grandissant de la tempête.
« Ma vocation est de sauver des vies. Même si la vôtre est de compliquer la
mienne ! »
« Quoi ? Je ne vous entends pas ! »
Dorn était vraiment dans son élément. Elle arborait un grand sourire en attachant
les cordages. Son embarcation, tout comme elle, avait subi de nombreux dégâts.
Mais elle la réparait inlassablement. C’était la première fois qu’Ewald la voyait en
action. Impressionné, il l’observait sauter avec agilité d’un point à l’autre de cette
épave rafistolée, et il ne pouvait nier qu’elle avait un certain savoir-faire. Mais
serait-ce suffisant face aux forces de la nature qui s’exerçaient sur le fleuve ?
Ewald préféra ne pas y penser. Il descendit dans la cale, que Dorn avait aménagé
pour mettre à l’aise le convalescent. « Au moins a-t-elle quelques égards pour
autrui », pensa-t-il. Il prit un chiffon propre dans sa trousse et entreprit de nettoyer
et désinfecter la plaie avec l’alcool qu’il avait acheté plus tôt.