[EGREGORE] Partie IV, chapitre 98

98.
Alors que j’étais sur le point de moi aussi perdre connaissance, Hasel vint me
soutenir. Au moment où elle me prit le bras, j’eus une vision.
J’étais à nouveau devant la ferme de Radomìr. Le rêve que je n’arrêtais pas de faire.
La main de pierre était sur le point de s’abattre sur la ferme et de la détruire
complètement. Un hibou vint déposer un objet devant moi. J’eus à peine le temps
de reconnaître Ian dans ses yeux, avant qu’il ne s’envole.
L’objet était long et son emballage était scellé par un fil de paille. La flûte de
Merunka. Je la déballai et en jouai.
La main de pierre s’écroula alors sous son propre poids, épargnant la maison. Ma
vision se termina et je repris mes esprits.
Hasel était penchée sur moi, le regard inquiet, entouré de Dorn et Ewald, de part et
d’autre.
Je l’embrassai sans réfléchir et ce fut comme si tout le cosmos avait attendu ça.
Sans dire un mot, je me levai. Je visualisai ma sacoche et tendis la main. Inspirer.
Ajuster. Expirer. J’expirai lentement. Ma sacoche vint à moi depuis le salon
d’Hasel. J’en sortis la flûte que m’avait offerte Merunka. C’était la même flûte,
mais elle n’était plus en bois. Elle était nacrée, toute blanche, et dans mes mains, je
sentais qu’il s’agissait bien d’un objet divin. Sur son dos figuraient des caractères
dans une langue qui me semblait exotique.
Je regardai mes trois amis qui se demandaient ce qu’il se passait.
« Je dois faire quelque chose pour Merunka », leur dis-je simplement. « A présent,
grâce à vous, j’ai le moyen de la protéger. »
Je récupérai mon bâton grâce à mes nouveaux pouvoirs. « Je vais revenir », leur
dis-je avant de porter la flûte à ma bouche.
Inspirer. Visualiser la ville. Souffler. Je jouai un air appris au village, il y a si
longtemps. Presque dans une autre vie.
Huit notes simples, qui me transportèrent instantanément des centaines de
kilomètres plus loin. Je me retrouvai sur la place du marché. Je remarquai une
estrade montée récemment. Mais personne aux alentours. Sauf deux silhouettes.