[EGREGORE] Partie V, chapitre 108

108.
« A présent que toute cette histoire est terminée, que diriez vous de rentrer ? »
« Tu ne restes pas ? » s’enquit Hasel.
« Je ne peux pas, malheureusement », dis-je sans qu’il fut nécessaire d’expliquer. Je
perçus un nuage de tristesse passer devant ses yeux sélénites. « Ce nuage aussi ne
fait que passer », lui murmurai-je.
« Comment savez-vous que vous pouvez nous transporter ? » demanda Dorn,
curieuse. Elle avait le don de poser de bonnes questions. Je réfléchis en regardant
mes mains.
« Cette bénédiction de l’Egregore… je ne sais pas comment ça fonctionne, mais je
sais instinctivement ce qu’il m’est possible de faire ou non… je ne peux pas
l’expliquer. C’est comme si j’étais tenu à certaines règles qui me dépassent. »
« Qui peut expliquer les volontés divines ? » remarqua Hasel avec justesse. Et aussi
une pointe de frustration, me sembla-t-il. Je ne dis rien.
« Je ne peux pas vous transporter, comme vous le dites. Mais je peux, disons, vous
prêter main forte pour que vous puissiez vous y transporter vous-même. Donnez-
moi vos mains, je vais vous expliquer comment. »
Dorn mit sa main dans la mienne. Ewald n’avait pas dit un mot depuis mon retour.
Il semblait pensif. Dorn l’interpela.
« Ewald ? »
« Hmm ? Oui, pardon… »
Lorsqu’Ewald me prit la main, je ressentis une émotion qui me fit sourire. Je le
regardai et je vis sa couleur changer. « Vous êtes sûr ? »
Il me regarda, me renvoya mon sourire et me répondit simplement : « sûr. »
J’acquiesçai. Nous nous fîmes face tous les trois. Hasel, restée sur le côté,
s’approcha.
« Dorn, Cantor. Ce fut un honneur de vous connaître… et un bonheur de vous
reconnaître. »
« On se reverra », renchérit Dorn.
« Il est possible que vous vous sentiez épuisés après coup. A présent, fermez les
yeux », leur intimai-je. « Visualisez votre destination de la manière la plus détaillée
possible. Et inspirez. Profondément. »
Je visualisai ma destination également. « A présent que l’image est claire, nous
allons expirer tous en même temps. Trois. Deux. Un… »
Nous expirâmes et disparûmes en un souffle.